crédits photo : TAL Judo
Dans cet article, Temps Mort vous propose d’enfiler votre plus beau Judogi et de vous plonger dans le parcours d’une judokate du Pôle France de Judo.
De ses premiers combats à son entrée au Pôle France, découvrez le portrait de Célya Harmange.
Sur les tatamis depuis l’âge de 3 ans, Célya a démarré sous l’impulsion de ses parents qui voyaient en cet art martial japonais, un moyen de prendre pleinement la mesure de l’espace, de son corps mais aussi des autres.
Célya nous confie que son père est professeur de Judo et que cela a probablement influé dans la choix du sport qu’elle pratiquerait. Bien-sûr, si elle combat aujourd’hui encore, c’est bien plus par amour du sport que par obligation.
Son parcours
Comme écrit plus haut, Célya commence le judo âgée de 3 ans, elle remporte quelques titres départementaux et glanes ci et là des médailles régionales. Ses bons résultats lui permettent d’intégrer le pôle espoir de Tourcoing où elle marque un premier tournant dans sa jeune carrière :
« j’ai pu m’entraîner plus intensément et côtoyer d’autres athlètes dans la même optique que moi«
Après ce passage réussi au pôle espoir, elle intègre le Pôle France de Judo au CREPS de Talence, non loin de Bordeaux.
Le Pôle France
Comment s’est passée ton intégration au Pôle France et quels ont été les premiers défis que tu as rencontrés ?
« Je dirais que mon intégration a été à la fois très excitante et intimidante. Je rentrais dans le monde des grands. Les entrainements étaient multipliés par deux par rapport au pole espoir. Et il fallait rajouter les cours et le bac à la fin de l’année. j’ai d’abord eu beaucoup de mal à gérer la pression mais par la suite avec l’aide du personnel du CREPS j’ai appris à gérer tout ça.«
Quelles sont les principales différences entre s’entraîner au club et au Pôle France ?
« Au Pôle France, l’entraînement est beaucoup plus intensif, on a entre 2 et 4h de judo ou de préparation physique par jour, contre 3h par semaine en club si on se tient à 2 entrainements par semaine. Les séances sont plus longues et axées sur la performance. L’encadrement est également différent, avec des entraîneurs spécialisés qui suivent de près notre progression. L’atmosphère est très compétitive, ce qui nous pousse à donner le meilleur de nous-même«
Ce nouveau mode de vie entraine des changements drastiques dans son mode de vie, et c’est un vrai défi pour chaque personne dans cette situation. Il n’est pas toujours évident de jongler entre vie personnelle, études et entrainements intensifs.
« Mon emploi-du-temps est très chargé, j’ai cours en général tous les matins de 8h à 12h et les entrainements sont tout l’après-midi. En ce qui concerne ma famille, c’est très compliqué je ne rentre qu’un fois par mois étant à Bordeaux une grande partie de l’année et eux dans la région lilloise.«
Comment tes entraîneurs au Pôle France influencent-ils ton approche du judo et ta progression ?
« Mes entraineurs m’aident à affiner ma technique et à comprendre les aspects stratégiques du judo, tout en me poussant à sortir de ma zone de confort.«
Comment se passe une journée typique au sein du Pôle ?
« On commence les cours à 8h jusqu’à 10h environ pour enchainer de 10h15 à 11h45 avec une préparation physique puis on retourne en cours jusque 16h en général et à 16h30 jusqu’à 18h30 c’est l’entrainement judo (30min échauffement, 30min technique et 1h randori (combats d’entrainement)).«
Si on inclut à cela l’investissement personnel que nécessitent les études supérieures (dans le cas de Célya), il est facile d’avoir des journées interminables.
« Les sacrifices personnels sont souvent sous-estimés, les pertes de poids fréquentes, les relations sociales stables ou la difficulté à trouver du temps pour soi en dehors des entrainements… »
Quelles compétences non physiques (mental, stratégie) penses-tu avoir le plus développées au Pôle France ?
« Au pôle France, j’ai vraiment développé ma capacité à rester concentrée sous pression et à élaborer des stratégies adaptées à chacun de mes adversaires. J’ai également appris à être plus dur sur le kumikata (la garde). »
Comment arrives-tu à maintenir une vie sociale tout en jonglant avec les exigences qu’impliquent ta carrière sportive ?
« C’est un défi, une fois de plus, mais j’essaie de planifier le plus de moments possibles avec mes amis le week-end quand il n’y a pas de compétition. Je valorise ces moments, car ils me permettent de me détendre et de me ressourcer. »
La Compétition
Évidemment, le but premier de Célya quand elle a intégré le Pôle France était de progresser dans un cadre propice au développement, mais elle n’a jamais négligé les compétitions pour autant.
Y a-t-il un combat en particulier qui t’a marqué et qui a changé ta vision du judo ?
« Oui, la demie-finale du championnat de France 2D contre une athlète de l’INSEP. J’ai perdu, mais j’ai beaucoup appris sur mes points faibles et sur l’importance de travailler les détails. L’aspect psychologique était aussi très important j’ai commencé le combat en me disant que j’était capable d’y arriver et résultat j’ai mené sur la moitié du combat, l’autre moitié était plus équilibrée.«
Que représente pour toi la participation aux compétitions internationales, et quel impact cela a sur ta préparation ?
« C’est une immense source de motivation. Cela me permet de tester mes compétences à un niveau différent et de voir où je me situe par rapport aux autres.«
Comment gères-tu la pression des compétitions de haut niveau, en particulier lors des grands tournois ?
« Je me prépare mentalement en visualisant mes combats et en utilisant des techniques de respiration pour rester calme. J’essaie aussi de me rappeler que chaque compétition est une opportunité d’apprendre, peu importe le résultat«
Quel est ton plus grand moment de fierté dans ta carrière sportive jusqu’à présent ?
« Mon plus grand moment de fierté a été ma place de 5eme au championnat de France 2D sénior en étant seulement junior. Bien évidemment il y a une part de déception car ce n’était pas l’objectif. Mais c’est un compétition que ma permis de prendre énormément confiance en moi.«
Quels sont les aspects du judo qui te passionnent le plus, sur le plan technique et mental ?
« Sur le plan technique, j’aime beaucoup la précision et la stratégie derrière chaque mouvement. Mentalement, le judo m’apprend à gérer mes émotions et à rester concentrée sous pression lors des compétitions. »
Quels sont tes objectifs à court et long terme dans ta carrière de judokate ?
« À court terme, je vise à me qualifier pour les Championnats de France 1D Sénior, et faire une médaille sur le Championnat de France Junior. À long terme, j’aimerais participer au Championnat d’Europe et, idéalement, décrocher une médaille.«
Sa vie personnelle
En dehors des tatamis, Célya se décrit comme curieuse, discrète et optimiste. Elle aime particulièrement passer du temps avec ses amis. De nature créative et ouverte d’esprit, elle aime explorer de nouveaux centres d’interêt.
Elle attache une importance particulière à la discipline et au respect dans sa vie quotidienne, elle qui a grandi en cultivant ces deux valeurs, entourée de ses parents.
« Cela m’aide à rester humble et à traiter les autres avec respect, que se soit sur le tapis ou dans la vie de tous les jours. »
Célya nous confie aussi qu’avant chaque combat, elle met en place un rituel qui la suit : elle écoute de la musique (de la techno nous dit-elle) afin de se motiver, elle fait quelques exercices de respiration et visualise le combat à venir.
Comme énormément d’athlètes, il arrive parfois que Célya doute ou se blesse. Elle fait donc appel à un préparateur mental et une psychologue depuis 2 années pour entretenir sa santé mentale et pour forger son mental. Pour gérer les blessures, elle s’assure de suivre à la lettre les programmes de réhabilitation, elle en parle avec ses différents entraineurs, qu’il soit du club ou du Pôle France.
Ces moments de « creux » sont utilisés pour renforcer les autres membres qui ne sont pas blessés.
Ses proches, sa famille notamment, jouent un rôle important dans sa carrière de judokate. Elle nous intime qu’ils constituent en plus de ses amies, un soutien indéfectible. Ils comprennent les sacrifices que Célya entreprend et lui rappellent de profiter de chaque instant.
Le judo n’a pas seulement changé son mode de vie au quotidien mais aussi sa manière de voir la vie en général :
« Le judo m’a appris l’importance de la discipline et de la résilience. Ces leçons m’aident à faire face aux défis de la vie quotidienne avec plus de confiance. »
As-tu des modèles ou des athlètes qui t’inspirent dans le monde du judo ou du sport en général ?
« Dans le judo, je pense à Axel Clerget pour sa determination et son travail rigoureux en toute circonstance. Dans d’autres sports, Noah Lyles m’inspire beaucoup, c’est sprinteur olympique, atteint d’asthme. Il a eu des périodes très dures dans sa vie mais a réussi avec énormément de determination à se faire un place dans la discipline. »
Célya se prépare cette année à remplir une partie de ses objectifs tout en continuant ses études en parallèle.
Temps Mort remercie chaleureusement Célya Harmange pour le temps accordé, pour la confiance témoignée tout au long du processus de rédaction et lui souhaite une bonne saison pour l’année à venir.
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