crédit photo : Alexandre Martins (site internet)
Comment de son voyage révélateur en Floride à ses succès en Sélection Nationale, Léo Cremades jongle-t-il entre sa vie personnelle et ses ambitions sportives ?
Léo découvre la culture américaine à 8 ans lors d’un voyage en Floride qui le plonge au coeur d’un monde qu’il apprécie tout de suite. C’est lorsque son grand frère commence le football américain que Léo saute le pas alors âgé de 9 ans. Malheureusement trop jeune pour commencer à s’entraîner avec un casque et des épaulières, il choisit de commencer par le flag et quelques initiations au football américain aux Éperviers de Longjumeau (devenus aujourd’hui les Quarks de Villebon-Longjumeau).
Léo sans son casque
Championnat Élite : Championnat D1 Français
« Le sport me permet de m’organiser et d’être plus rigoureux avec moi-même et mon emploi du temps. Mais en vrai, c’est toujours difficile de tout faire rentrer dans une semaine, voir la famille, les amis, l’école, et l’entrainement. Il s’agit d’avoir un ordre de priorités !«
Comme beaucoup de sportifs, il est souvent confronté à certains sacrifices qu’il faut faire pour atteindre un certain niveau de compétition. Et bien que le football américain ne soit pas rémunérateur en France, il n’échappe pas à cette règle tacite :
« Le football américain c’est aussi beaucoup moins de sorties avec mes potes, moins de temps pour moi, ou mes proches, ou bien pour d’autres hobbies qui me passionnent… mais ça fait partie du contrat. »
En dehors du terrain, Léo a bien d’autres centres d’interêt qui l’aident à se ressourcer. Grand passionné de musique éléctro, il joue sur les quelques machines qu’il a chez lui : « c’est inaudible, mais moi j’aime bien ! »
Tout aussi grand amateur du septième art, il nous confie :
« J’adore le cinéma, et aussi en parler. J’essaie une fois par semaine, de faire une expo, ou un film car malgré tout ce qu’on dit sur Paris, il s’y passe toujours quelque chose dans le domaine de la culture! Avec toutes les ressources que la ville a à offrir j’essaye de voir ce qu’elle propose ! »
Lors des semaines de match, sa vie d’étudiant en architecture et sa vie de sportif s’entremêlent, et c’est là qu’il faut trouver un équilibre. Nous lui avons demandé si il ressentait particulièrement la pression dans ces moments-là et comment il la gérait :
« La semaine est souvent tellement remplie que j’y pense moins, le foot prend beaucoup de place dans la tête c’est sûr, mais il ne faut pas laisser la pression prendre le dessus, toutes mes activités prennent déjà assez de place comme ça ! Je dirais que, sans vraiment m’en rendre compte, j’y pense le moins possible… Arrivé le gameday, c’est différent et même le jour d’avant ! »
Vous l’aurez bien compris,Léo essaie donc de maintenir cet équilibre entre sa vie d’athlète de niveau national et sa vie lorsqu’il retire son casque et retire ses épaulières. Ses proches jouent toujours un rôle essentiel tout au long de sa carrière sportive :
« Sans mes parents par exemple, je ne serais sans doute pas là où je suis aujourd’hui. Ils ont découvert le football américain avec moi, et tous deux ont été pris de passion aussi… Ils m’ont toujours aidé et accompagné peu importe l’endroit où j’allais, ils étaient là ! Je suis très reconnaissant et conscient de la chance que j’ai ! »
Léo sur le terrain
En 2022, Léo a 20 ans et s’apprête à vivre sa première saison dans l’élite du championnat de France. Sans expérience du championnat auparavant, l’arrivée dans ce monde hostile ne fut pas de tout repos. Mais aidé par Connor Miller arrivé tout droit des États-Unis, Léo prend en confiance, en expérience et se familiarise avec le playbook du Flash. Si bien qu’il est couronné avec ses coéquipiers Champion de France D1 après un Casque de Diamant disputé contre les Black Panthers de Thonon-les-Bains.
La même année, il est nominé pour le titre de meilleur joueur de moins de 24 ans.
Être quarterback à ce niveau de compétition c’est avant tout posséder des qualités individuelles, en voici quelques-unes, indispensables selon Léo :
« Il faut être le « Field General » de ton attaque. Ça commence par la confiance que t’apporte ton escouade, mais aussi ta propre confiance en toi. Il faut que les joueurs voient que tu es en contrôle de tout. (Même si dans certaine situation tu ne l’ai pas, j’aime bien l’image du thermostat, si t’es froid et que tu baisses la tête, alors tes gars feront pareil.). Il faut aussi savoir être vocal sans trop l’être, Il faut être l’extension d’un coordinateur offensif sur un terrain.
Il précise avec humour : « En fait ça fait beaucoup de choses ahah. »
Depuis qu’il a rejoint le Flash de La Courneuve, il n’a cessé de progresser et de faire évoluer certains aspects de son jeu, notamment ses prises de décisions qui doivent être plus rapides pour s’accommoder plus naturellement avec la vitesse du jeu. Il essaie aussi d’être décisif d’une manière ou d’une autre à chaque action et plus encore, il a cherché à développer à tout prix son intelligence de jeu.
Pour être dominant comme peuvent l’être le Flash sur certaines saisons, il faut un groupe soudé et un style de jeu particulier que leur inculque Nicholas Simoneau, le Head Coach de Léo et de ses coéquipiers.
Il y a peu, en 2023, année précédant le quarantième anniversaire de sa création, le Flash de La Courneuve a remporté un titre majeur de son histoire : le Central European Football League Bowl (CEFL Bowl). Cette compétition à la périodicité annuelle est un regroupement d’équipes européennes souvent championnes ou vice-championnes de leur pays respectif. C’est ce qui se rapproche le plus d’une Ligue des Champions de football américain.
Pour l’édition qui nous intéresse ici, les autres prétendants au titre étaient :
Les espagnols des Black Demons de Las Rozas et des Osos Rivas de Madrid, les italiens des Panthers de Parme et des Guelfi de Florence. Les suisses des Calanda Broncos, les suédois des Means Machines de Stockholm, les finlandais de Kuopio mais aussi le Belgrade Vukovi, les Wolves de Budapest, les allemands de Schwäbisch Hall et leurs Unicorns et pour finir, les Blacks Panthers de Thonon-les-bains
Ce titre, vécu par Léo comme le moment le plus marquant de son aventure avec le Flash pour le moment, relevait d’une préparation similaire au championnat :
« Ce fut intense, pour sûr. Mais pas plus que n’importe quel autre match du championnat élite. Nous approchons tout les match de la même manière et/ou importance, que ce soit une finale de championnat européen, ou un match de saison régulière en élite. La rigueur de notre escouade dans la salle de meeting et sur le terrain a été primordiale. »
Et bien que la dimension internationale de la compétition puisse être déstabilisante, Léo a travaillé avec l’aide de son coach pour être prêt comme le nécessite ce genre d’échéance :
« Je n’ai pas nécessairement pensé à un aspect en particulier à travailler lors de la préparation. Avec le coordinateur offensif Paul Durand, nous nous sommes concentrés sur la connaissance des défenses et sur comment s’y ajuster en match. Cela m’a permis de prendre des décisions plus rapidement. »
Léo est un grand compétiteur et comme chacun d’eux, il cherche à tout prix à remporter la rencontre, c’est là le plus grand défi auquel il s’est confronté sur le plan mental lors de cette compétition :
« Je voulais tout faire pour gagner tout simplement, avec du coeur, de l’orgueil, je ne voulais plus jamais perdre, peut-être que la défaite en demi finale du championnat élite de cette année là m’a laissé un espèce de trauma, faut croire… »
Avant la finale tout particulièrement, la préparation mentale a été, selon Léo, un facteur déterminant dans sa quête de succès :
« Physiquement je ne fais rien de spécial… mais mentalement, je me rassure en préparant le match le mieux possible, ce qui enlève aussi de la pression, en faisant le match sur un papier ou dans ma tête avant qu’il arrive vraiment. »
Le francilien évacue aussi la pression en conservant une approche « basique » du football basée sur les fondamentaux pour se mettre en confiance. Pour Léo, il faut se rappeler aussi que l’équipe s’est préparée pour cela et que tout ira bien.
L’Équipe de France
En 2022, Léo, âgé de 19 ans, jouait son premier match avec les seniors de la sélection nationale lors d’une demi-finale de Ligue des Nations contre l’Italie.
Depuis, fort d’une expérience certaine dans les rangs de l’EDF, il affirme que son rôle en sélection ne diffère pas tellement de celui qu’il occupe à La Courneuve :
« En Équipe de France, ce sont des stages très courts alors la veille des match, on n’a pas forcément le temps de penser à quoi que ce soit d’autre, il faut de suite se concentrer sur le match qui arrive, et ce n’est pas toujours facile. Mais le rôle de quarterback reste globalement le même, il est juste plus dur à effectuer dans un groupe avec lequel on a beaucoup moins l’habitude de jouer, voire même, (selon les listes des sélectionneurs), des équipiers avec qui on n’a jamais joué. »
Pour Léo, voilà ce qui permet d’assurer ensemble en attaque :
« Les meetings sont très importants, mais sinon… l’entrainement évidemment. On s’entraine comme on joue un match alors on se met en situation, c’est un mélange de confiance, chimie (chemistry) humaine et d’amitié ! »
Difficile donc, dans une Équipe de France, de trouver la bonne alchimie entre les joueurs qui viennent d’horizons différents et parfois même de clubs rivaux.
Bien qu’il soit aujourd’hui l’un des piliers de l’attaque du Flash, souvent appelé en sélection, il n’en reste pas moins conscient de ses failles :
« L’aspect le plus flagrant que je dois améliorer dans mon jeu pour atteindre mes objectifs, c’est la régularité, la constance. Et avoir un meilleur football IQ (connaissance du jeu, des défenses etc) pour être plus à l’aise sur le terrain aussi. »
« Je n’ai atteint aucun niveau d’excellence, je pense qu’on n’excelle jamais vraiment ! J’en suis loin encore en tout cas, il faut travailler pour ça. […] Soyez curieux, extrêmement passionné. Il faut en vouloir ! Il s’agit aussi de faire les bon choix de carrière en terme d’expérience et de coaching. »
Si vous vous demandiez quel joueur inspire Léo Crémades tout au long de sa carrière, le Temps Mort a la réponse :
« Drew Brees ! Et sur tous les points, depuis que je connais le foot ! »
Ce quarterback mythique des Saints de la Nouvelle-Orléans est le détenteur de certains des records les plus mythiques en NFL. Facile de comprendre pourquoi Léo affectionne tout particulièrement ce joueur.
Jeune quarterback talentueux du championnat français, il espère mener cette saison le Flash, yard après yard jusqu’au titre de Champion de France Élite pour la 13ème fois. Et ainsi, aider ses coéquipiers de La Courneuve à prendre leur revanche contre les Black Panthers de Thonon-les-bains qui les ont battus en finale, en juin dernier, sur le score serré de 37 à 33.
Temps Mort remercie chaleureusement Léo Cremades pour le temps accordé, pour la confiance témoignée tout au long du processus de rédaction et lui souhaite une bonne saison pour l’année à venir.
Laisser un commentaire