Un marseillais au Canada

Des terrains de football phocéens aux contrées Québécoise, Tom Blanc a fait le choix de tout quitter pour vivre sa passion du football américain au Canada. Découvrez le récit de son parcours dans ce premier numéro d’Origin Story, la série d’article consacrée aux portraits d’athlètes qui nous fascinent.

Les débuts

Tom démarre sa carrière sportive comme basketteur mais se rend rapidement compte qu’il n’a pas le gabarit nécessaire pour atteindre le niveau qu’il espère. Lors d’une foire des sports à Gardanne, près de Marseille, il cherche d’abord les stands des sports de combat. Mais dès qu’il passe devant celui du football américain, il est instantanément attiré par les équipements surprenants et a rapidement envie d’essayer. Il commence aux Cerbères de Gardanne avant de rejoindre les Blues Stars de Marseille, club emblématique du sud de la France, pour entamer son parcours dans le sport le plus populaire des États-Unis.

Dès ses premiers entrainements, il tombe amoureux de la discipline. Ses coachs remarquent une habileté particulière pour attraper le ballon mais surtout, pour courir avec. Et même s’il a occupé plusieurs postes en raison d’un effectif insuffisant, ses coachs le savent, il est destiné à devenir running back. Très rapidement, il regarde les vidéos des meilleurs joueurs du monde à son poste et il est si impressionné par ce qu’il voit qu’il ne changera jamais de poste par la suite. Tom se trouve même un modèle : Marshawn Lynch, célèbre running back des Seahawks de Seattle, il est célèbre pour sa capacité à renverser le cours d’une action par son jeu physique qui lui a valu le surnom de « Beast Mode« . Le jeune marseillais s’impose rapidement comme un incontournable en attaque malgré sa faible expérience.

Un passage au Pôle France

Comme la majorité des joueurs de football américain français, Tom pense rapidement à intégrer le Pôle France de football américain, aujourd’hui disparu, qui est à l’époque, le pinacle français de ce sport pour les jeunes de moins de 20 ans. Si une telle aventure peut intimider aux premiers abords, le jeune running back fait le choix à 15 ans de quitter ses repères pour rejoindre l’écurie amiénoise.

Cette expérience, qu’il décrit comme les plus belles années de sa vie à ce jour, fait office pour lui d’école de la vie : il y apprend la discipline tant dans le sport que dans ses études ou dans sa vie personnelle.

Pour moi, le pôle France a été une structure indispensable […]. Mon passage au pôle m’a permis de grandir et de devenir le jeune homme plein d’espoir que je suis.

En ayant quitté sa famille et sa ville aussi jeune, il vit son aventure « Pôle France » différemment et voit en ses coachs des figures d’autorités quasi paternelles qui lui permettent d’entretenir une relation de confiance avec eux.

La structure, aujourd’hui fermée, accueillait des joueurs des quatre coins de l’hexagone et leur offrait l’opportunité d’évoluer en tant que joueur et être humain, dans un cadre propice à l’accession au haut niveau. Pour Tom, cette fermeture est une mauvaise chose pour le football américain français.

Ce que je ressens quand je pense à sa fermeture c’est tout d’abord de la nostalgie mais surtout je trouve ça tellement dommage pour les jeunes de petit club qui vont devoir évoluer dans un environnement sportif pas forcément adéquat pour atteindre le haut niveau. Pour l’instant je peux rayer l’envie de coacher là-bas après mon aventure canadienne.

La structure a fermé ses portes après une dernière saison en 2024/2025. La discipline ayant perdu son statut de sport de haut-niveau, la Fédération française de football américain (FFFA) n’est plus autorisée à détenir de structure de formation. Le Pôle espoir de Bordeaux a aussi été contraint de fermer ses portes.

Le Canada

Le Pôle France servait aussi et surtout, de passerelle vers l’étranger. Tom a bénéficié de ce tremplin pour rejoindre les Diablos du Cégep de Trois-Rivières après l’obtention de son baccalauréat en France. L’équipe évoluant en Division 2 du football RSEQ, visionne les matchs du phocéen et lui propose de s’engager pour la saison 2023/2024.

Des débuts déroutants

Lui qui été habitué à être l’une des armes offensives de prédilection durant ses années amiénoises, a été rapidement confronté aux différences majeures du football en France et Québec : outre les règles qui changent partiellement (terrain plus grand, nombre de tentatives différent en attaque et autres ajustements), c’est le niveau affiché par les recrues canadiennes et québécoises qui déstabilise le plus Tom Blanc. Les locaux ont 4 ou 5 années d’expérience quand la majorité des imports français ont moitié moins. Les coachs doutent du niveau de formation des français, si bien qu’il doivent travailler d’autant plus pour gagner leur place. Cette situation, a été plutôt bien vécu par le principal intéressé :

Je pense que c’est l’anecdote la plus marquante que j’ai à Trois-Rivières : j’ai dû attendre le dernier match de ma deuxième saison pour enfin être titulaire et pouvoir jouer suffisamment lors d’un match de playoffs, c’est clair cela m’a permis de travailler sur ma patience !

Une philosophie différente

À ses débuts aux Blue Stars de Marseille, Tom apprécie le mantra du club : « Une équipe, une attitude » qui met un point d’honneur à bâtir une famille entre les coéquipiers. Et même s’il retrouve quelques similarités, le jeune homme est conscient qu’au Québec, certains jouent pour devenir professionnels et que la « culture football » est majoritairement basée sur la recherche de l’excellence et sur le performance. Ce qui relègue parfois au second plan l’esprit de famille très fort en France.

Une nouvelle aventure

Après une saison marquée par la qualification en playoffs mais surtout par une défaite en quart-de-finale contre les Faucons du Cégep de Levis, Tom fait le choix de rejoindre une autre équipe, cette fois en Division 3 : Les Triades du Cégep de Lanaudière.

Ce qui m’a encouragé à rejoindre les Triades c’est tout d’abord le feeling que j’ai eu en appelant le coach, en plus Antoine (Lefebvre) qui était mon QB au pôle et en équipe de France rejoignait l’équipe aussi. J’ai eu que des retours positifs donc j’ai eu envie de relever un nouveau défi dans un bon environnement.

Même si les deux programmes évoluent dans des divisions différentes, il n’existe pas de différence majeure entre les deux programmes tant le football américain occupe une place importante dans les sociétés nord-américaines. Cependant, chaque programme a ses avantages et ses inconvénients.

La plus grande différence entre les deux programmes c’est les infrastructures mais à part ça je ne trouve pas de différence marquante, malgré le changement de division je trouve mon coaching staff plus que compétent. Et aux Diablos on n’avait pas de coach à chaque position par exemple […].

Tom a encore deux années d’éligibilité au niveau collégial. Un temps précieux qu’il compte mettre à profit pour participer à la « reconstruction » du programme de football ainsi que pour remporter un titre de champion aux côtés de son ami quarterback, Antoine pour espérer être remarqué par une université canadienne et se rapprocher de son objectif : devenir joueur de football américain professionnel.

Son adaptation

Il est évidemment toujours un peu complexe de débarquer dans une nouvelle équipe après avoir passé deux saisons à défendre d’autres couleurs, mais grâce à une entente aux beaux-fixes, Tom espère se créer de nombreux moments forts à Lanaudière. Le jeune marseillais a dû s’adapter à un cadre de vie aux antipodes de ses Bouches-du-Rhône natales. Difficile parfois pour un habitué du soleil de supporter les hivers frais du Québec.

On fait le choix pour ce premier portrait de la saison, de laisser un peu la parole à Tom.

Nos questions à Tom

Quels sont tes rêves à long terme dans le football ? (Université, CFL, NFL, retour en Europe ?)

Mes rêves, que je qualifie maintenant d’objectifs dans le football, sont de jouer au niveau professionnel, au Canada ou en Europe, d’avoir une carrière exemplaire et à ma retraite, de reprendre un club pour le monter au plus haut niveau possible.

Te vois-tu, un jour, transmettre ton expérience aux jeunes joueurs en France ?

Comme je l’ai dit, oui ça m’intéresserait de transmettre mon amour pour ce sport à des jeunes car c’est une discipline qui a du mal à se développer en France et j’aimerais qu’un maximum de joueurs aient la même vision du sport que moi.

Si tu devais donner un conseil à un jeune Marseillais qui rêve de suivre ton chemin, quel serait-il ?

J’ai rarement réfléchi à cette question mais je lui dirais sûrement de n’écouter que lui même et de ne pas se fier aux avis des autres. Il faut travailler encore plus fort peu importe le talent qu’il a. Je pense que je lui conseillerais de ne jamais oublier d’où il vient et d’avoir plus faim que n’importe qui pour réussir.

Qu’est-ce qui te motive à continuer dans les moments de doute ou de fatigue ?

Ce qui me motive le plus dans la vie c’est de rendre fier ma famille et de prouver à ceux qui n’ont pas cru en moi qu’ils ont eu tort. Je repense souvent au petit moi qui a tellement rêvé d’être là où je suis maintenant, et c’est pour ça que je veux continuer de le rendre heureux.

En dehors du football, quelles sont tes passions ou activités qui te permettent de souffler ?

En dehors du football, je passe beaucoup de temps avec mes amis à faire pleins d’activités, ça passe de la musique à la pratique d’autres sports. Comme je le disais, les sports d’hiver comme le snowboard me plaisent beaucoup et j’aime beaucoup me vider la tête sur les pistes.

Si tu devais choisir une chanson ou un artiste qui représente ton état d’esprit avant un match, ce serait qui ?

La chanson qui représente mon état d’esprit avant un match est « Him all along Â» de Gunna, c’est une musique qui parle d’accomplir ses objectifs et de ne rien lâcher malgré les difficultés dans la vie. En plus, l’appellation « HIM Â» qui signifie être le meilleur, celui qu’on retient et qui sort du lot reflète ma mentalité dès que je mets un pied sur le terrain.

Quelle est la plus grande fierté de ta famille par rapport à ton parcours ?

La plus grande fierté de ma famille, je pense, c’est que je continue à me donner à 100% dans ce que fait et que je ne baisse jamais les bras, je rebondis devant chaque épreuve et je persiste coûte que coûte à réussir.

Comment aimerais-tu qu’on se souvienne de toi, en tant que joueur mais aussi en tant que personne ?

J’aimerais qu’on se souvienne de moi comme une personne qui donne sans jamais compter, et qui est toujours là pour aider ses proches. En tant que joueurs je veux qu’on dise de moi que je poussais ceux autour de moi à être la meilleur version d’eux même et que je ne lâche jamais devant l’adversité. Si c’est cette vision qu’on a de moi, je serais comblé à vie. 

Temps Mort remercie chaleureusement Tom pour le temps qu’il nous a accordé au milieu de sa saison pour répondre à nos questions. Cet article marque le retour des portraits sur notre site internet et on est heureux de pouvoir partager le parcours inspirant de sportifs comme Tom.

2 commentaires

  1. Bravo pour ce reportage qui est le reflet exact de ce qu’est Tom.
    Et j’ajouterai comme mantra qu’il a entendu toute son enfance : No pain No Gain

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